Bonheur et travail


           Dans l'ancien français, le travail provient du mot tripalium en latin qui désigne un instrument de torture utilisé pour le ferrage des chevaux nerveux. Ce terme signifie faire souffrir. En littérature, nous pouvons citer le passage très connu de la Bible “Adam et Ève”. Particulièrement, lorsque celui-ci ne va pas résister à la tentation et écouta la voix d'Ève lui conseillant de mordre aux fruits défendus par Dieu. Le fait de lui désobéir va condamner tous les descendants d'Adam à travailler dur pour survivre. D'où la citation : “tu gagneras ton pain à la sueur de ton front”. Du point de vue de Dieu, le travail est vu comme un frein au développement de la convoitise et est bénéfique pour l'homme. Dans la société actuelle, le travail est perçu comme une nécessité. On peut remarquer de nombreuses dérives et un taux élevé de suicide (notamment à la poste, chez France Télécom...). Néanmoins, d'autres le voient comme un moyen de s'épanouir davantage. Ce qui ma guider vers la problématique suivante :

 

“bonheur et travail sont-ils compatibles ?”

 

 Pour répondre à ma problématique, nous allons commencer en analysant la position de la France en matière de bonheur au travail et sa comparaison avec différents pays du monde. Dans un deuxième temps, nous allons étudier les différents facteurs de l'évolution de l'entreprise, au niveau du bonheur au travail. Et enfin, nous étudierons les instruments mis en place pour améliorer les conditions de travail afin d'obtenir l'épanouissement de tous les acteurs d'une entreprise.

I. FRANCE, BONHEUR, TRAVAIL ET COMPARAISON AVEC LE MONDE

                   I.a Chômage :

          Tout d'abord, nous pouvons rappeler que la France est dans une période de crise. Le chômage atteind cesse de s'accroître, alors que son chiffre est déjà bien trop élevé. La France a un taux de chômage de 10,9 %, soit près de 43 % sont des chômeurs de longue durée, selon le périodique Alternatives Economiques “La France à la traîne”, “Une forte concentration de l'emploi”,”Des territoires très inégaux face au chômage”. On constate, de fortes inégalités entre départements (le Sud et le Nord-Est sont particulièrement touchés) et une forte concentration de l'emploi en Ile-de-France. Les chômeurs se découragent, le risque de pauvreté chez les jeunes de 18 ans s'accroît.

 

                    Pour compléter cette idée, j'ai choisi le film la loi du marché de Stéphane Brizé, qui est un réalisateur reconnu. Il a obtenu deux fois le césar du meilleur réalisateur (en 2015 et 2016) et a obtenu un autre césar de la meilleure adaptation (Mademoiselle Chambon, 2010). Il a également obtenu de nombreux prix. Ce film nous présente la vie d'un homme ordinaire, qui cherche un emploi pour lequel pôle emploi l'aide en lui faisant faire des stages qui n'aboutissent à rien. Le personnage principal Thierry joué par Vincent Lindon se découragent. C'est une famille avec un enfant handicapé qui a des soucis d'argent. Il réussit à trouver du travail au bout de 15 mois, comme agent de sécurité dans une galerie marchande. Ce métier est en désaccord avec ses motivations personnelles. Il doit surveiller les clients, mais aussi ses collègues. Il se retrouve dans des situations socialement et moralement difficiles. Ce film met en scène des situations injustes et parfois cruelles, mais on peut remarquer qu'il n'y a aucun commentaire ni en voix off ni par l'intermédiaire d'un personnage. Il laisse le spectateur interprété par lui-même. Il met en avant les différences identitaires, l'inégalité, la domination et le pouvoir. Pour illustrer mes propos, j'ai choisi l'extrait sur l'entretien d'embauche par Skype.

Premièrement, on remarque que Thierry remercie l'employeur ce qui montre que c'est l'employeur qui à demander cette forme d'entretien. Cela met le personnage dans une situation défavorable, on est moins à l'aise devant une caméra. De plus, cela veut dire que la rencontre pour cet entretien ne vaut pas le déplacement.

Par conséquent, dès les premières secondes de l'extrait, on voit que l'employeur n'est pas respectueux vis-à-vis de Thierry. Ensuite, on voit qu'il ne veut pas que Thierry prenne d'initiative lorsque celui-ci lui demande comment il aura une réponse de l'entretien. L'employeur choisit le mail, ceux qui est plus simple pour lui. Il pourra envoyer le même courrier à tout le monde sans leur expliquer de vives voix les raisons. Il n'y a pas de contact personnel. Lors de la question de l'expérience, l'employeur s'exprime comme si le travail de Thierry devait être un centre d'intérêt personnel. Cela paraît évident que la machine n'était pas disponible. De même lorsqu'il lui demande s'il accepterait un poste inférieur et un salaire inférieur en insistant il rabaisse Thierry. On peut rajouter à cette idée la remarque du CV, car ce futur travail n'a aucun lien avec des qualités rédactionnelles. L'employeur montre à Thierry qu'il n'est pas le seul à avoir postulé. On sait que l'offre d'emploi est inférieure à la demande, soit la loi du marché. Qui met les entreprises dans une position dominante. Enfin, la dernière phrase de l'employeur pour lui dire qu'il y a peu de chances qu'il soit pris paraît inutile est surtout humiliante envers Thierry. Dans ces conditions, on peut se demander pourquoi cet entretien à eu lieu s'il avait déjà sa réponse.

 

                     b. Le travail en France et dans le monde

          Néanmoins, la France, obtient tout de même un taux de 75 % chez les personnes qui ont du travail et qui s'y sentent bien, comme le démontre le sondage de France Inter 75% des Français heureux au travail. Les artisans et les commerçants sont majoritairement plus épanouis que d'autres secteurs d'activité. Contrairement à ce que nous pouvons penser, le salaire n'est pas le premier facteur mis en avant pour être heureux à son travail. Au contraire, les points communs relevés sont la passion et l'intérêt pour le métier. D'autres critères viennent se rajouter tels que la liberté et l'autonomie qui semblent être d'autres facteurs du bonheur au travail. De plus, le travail permet l'intégration sociale. Le problème, est qu'en France pour avoir une place importante dans la société et être reconnu il faut avoir fait des études. Alors que dans d'autres pays c'est l'inverse, le métier effectué est le principal facteur d'intégration sociale.

          Par contre, nous remarquons que les salariés français sont insatisfaits par rapport à la moyenne. Le journaliste du figaro Paul-Louis nous propose son enquête (sur 17 pays comptant les plus grandes économies du monde) : la France, le pays où les salariés sont les moins heureux au travail. Les Français ressentent un manque de contrôle des points-clés de leur travail et un niveau de stress élevée. Par conséquent, les salariés français sont de moins en moins impliqués dans leur travail. C'est pourquoi, les pays émergents sont en tête (tels que l'Inde 1 er, le Mexique 2 ème et les Émirats Arabes Unis 3 ème) et nous passent devant. Les États-Unis se retrouvent à la 6ème place tandis que la France se retrouve à la 17 ème place derrière la Chine, l'Espagne et la Belgique (ces deux derniers pays qui peinent aussi à trouver leur bonheur). Ce qui expliquerait ces différences sont les opportunités et une forte croissance économique, mais aussi le fait d'être dans un environnement calme et relaxant loin des rues bruyantes et animées. Attention, à ne pas s'inquiéter trop vite. La France, obtient un 6/10 au niveau de la qualité de vie au bureau tandis que la moyenne mondiale et de 6,6/10. 

 

II. FACTEURS D’ÉVOLUTION D'UNE ENTREPRISE :

                II.a. Performance et bien-être :

 

Deuxièmement, nous avons relevé les deux points-clés d'évolution d'une entreprise. Ces deux facteurs, se dégagent majoritairement d'une liste de critères et de diverses méthodes qui ont pour but d'optimiser l'entreprise. On a la performance et le bien-être des employés mis en avant. Tout d'abord, je perçois par le terme performance la rentabilité de l'entreprise. Pour cela, Thierry Gautret de la Moricière expert en risques psychosociaux nous présente le projet d'investissement des entreprises vers le bien-être de leurs salariés dans son article Le cercle virtueux bien-être et performance. Les notions d'autonomie, de reconnaissance et le sentiment d'appartenance vont créer un climat social plaisant. Selon ses statistiques, les entreprises menant une politique active pour le bien-être de ses salariés auraient un bénéfice qui serait deux fois plus important que les entreprises qui n'ont rien mis en place 

 

Ces d'ailleurs, ces entreprises ne faisant pas d'effort voient leurs taux d'absentéisme bien supérieur à la moyenne et une réputation de non-qualité. Nous pouvons citer l'article d'une journaliste expérimentée dans le sujet, Oihana Gabriel Absentéisme au travail : Les Français malheureux au boulot. Son article, met en avant les reproches des salariés sur leur entreprise. Les relations conflictuelles à répétition et la pression des horaires sont les deux causes principales de cet absentéisme. De plus, avec le niveau actuels du chômage comme on a pu le voir précédemment, pour ces personnes garder leur emploi devient plus important que s'épanouir. Ils se retrouvent dans un milieu énergivore, inadapté à leurs besoins. (Faire, refaire, défaire... ce que l'on faisait en 40 heures ne peut pas se faire en 35 heures). Cette journaliste, dénonce les exigences de ces patrons qui en demande trop, ceux qui provoquent le turn-over de certains employés. Nous pouvons également consulté le bonheur au travail vu par les dessinateurs de presse par le site Métis qui illustrent parfaitement les scénarios possibles. 

 

 

Le deuxième point-clé d'évolution d'une entreprise est le bien-être. L'Homme n'est pas un animal, celui-ci se contente simplement de vivre et de subvenir à ses besoins. Tandis que l'Homme a d'autres ambitions après avoir satisfait ses besoins physiologiques, comme celui de s'épanouir, nous pouvons citer en exemple la pyramide de Maslow où chaque étape de la pyramide nous porte plus près du bonheur (sécurité, appartenance, estime de soi, d'accomplissement). Le secteur de l'agroalimentaire, la bien compris, car ils sont les premiers dans le domaine. Comme le montrent les statistiques de la journaliste des Echos Start en économie, Clémence Boyer Classement Happy at work : les entreprises où l'on est heureux. Les salariés interrogés ont l'impression de progresser et d'apprendre, ils ont la possibilité d'évoluer au sein de leurs entreprises, ils ont le sentiment qu'on leur fait confiance, ont leur donne des responsabilités, ils trouvent du sens à ce qu'ils font et ont de bonnes relations auprès de tous les acteurs d'une entreprise. 

 

 

    II.b. Souffrance au travail : 

 

           Pourtant, le concept de qualité de vie au travail n'est pas toujours respecté. Dans certaines entreprises, les conditions sont difficiles. Prenons l'exemple de la poste avec l'article d'Emilie Baujard journaliste à RTL La poste une inquiétante série de suicides alarmes des experts. Les causes de la souffrance au travail sont mises en avant telles que la pression, le rythme de travail intenable, harcèlement moral, les effectifs qui baissent... Par conséquent, la dégradation de la santé des employés se fait ressentir, on a relevé un taux très élevé d'arrêts maladie, de dépressions et de suicides. Cette journaliste nous fait part de plusieurs témoignages, tous reprochant à la poste les mêmes choses. La situation est qualifiée de “préoccupante”. Neuf facteurs se sont suicidés ses trois dernières années. Des experts ont conclu que 20 à 40 % des tournées sont “intenables”. Le problème, est que la poste ne reconnaît pas ces situations de mal-être.

 

III. LES INSTRUMENTS DE L’ÉPANOUISSEMENT AU TRAVAIL :

             III.a. Les moyens mis en place : 

 

 

             Enfin, les moyens mis en place pour la qualité de vie au travail sont divers. Les générations changent ainsi que les points de vue. Autrefois on misait tout sur la productivité, tandis qu'aujourd'hui, on prend en compte le facteur humain. Les chefs d'entreprise sont désormais convaincus qu'une bonne ambiance au travail va améliorer la productivité et la performance, selon Séverine Daniel “les patrons de PME croient aux vertus du bonheur au travail”.

Premièrement, la coach en psychologie Sylvaine Pascual dans son article Le plaisir/bonheur au travail c'est bien autre chose que multiplier les récrés”. Démontre certaines pratiques qui se sont avérée inefficaces jusqu'à présent. Par exemple, le fun modélisé au travail. Cette technique pour dynamiser le travail consiste à regrouper tous les acteurs de l'entreprise à faire des activités extra-professionnelles ensemble, comme une sortie bowling. Cependant, beaucoup se sentent obligés de sortir par rapport à leurs collègues. Les salariés préféreraient faire autre chose de leur temps libre. Ce n'est pas en s'amusant à l'extérieur que les relations professionnelles s'amélioreront. Il faut donner aux employés l'envie de faire leurs taches professionnelles avec intérêt.

            Deuxièmement, le second instrument proposé pour améliorer le bien-être des employés qui a été approuvé, et de crée une salle de détente au sein de l'entreprise. Ce qui permet aux employés de décompresser pendant les “coups de bourre” afin de se relâcher. Par conséquent, cette ambiance va limiter le stress dans l'entreprise.

 

            Le troisième instrument, est d'un point de vue personnel. Il faut que le travail soit en adéquation avec les motivations individuelles des employés. Cela passe aussi par le respect, pour améliorer les relations entre les salariés. Les chefs d'entreprises, doivent laisser plus de liberté à leurs employés, ils vont sentir qu'on leur fait confiance, qu'on leur donne des responsabilités et qu'on les écoute. Ils trouveront du sens à leur travail et seront plus productifs. Mais, ces patrons vont aussi avoir cette charge, d'éliminer les éléments toxiques (harceleurs, manipulateurs, pervers etc…) afin d'améliorer l'entente du groupe et le bien-être pour la qualité et la performance de l'entreprise. Prenons l'exemple de l'entreprise Google avec l'article datant de 2011 sur ce qu'ils ont mis en place pour dynamiser l'entreprise, “Pour motiver ses salariés, Google mise sur l'interaction et l'autonomisation”. Ils donnent la possibilité à leurs employés d'élaborer un projet personnel en rapport avec l'entreprise qu'ils pourront travailler quand il le souhaite pendant leur temps de travail. Google gratifie également les personnes qui s'entraident afin de favoriser l'engagement des salariés et accélérer l'innovation. La combinaison de ces deux instruments, avec une bonne qualité d'encadrement va augmenter la productivité de l'entreprise. 

 

                III.b. Apparition de nouveau métier : 

 

      Enfin, des nouveaux métiers voient le jour comme celui “Happiness managers”. Le journaliste Philippe Laurent chez Express Emploi nous présente ce nouveau métier. “Les managers du bonheur arrivent dans les entreprises”. Cette personne, doit veiller à ce que chaque acteur d'une entreprise soit heureux dans ses taches professionnelles. La qualité de vie au travail doit faire partie de la devise des entreprises. Pour cela, on mise sur l'esprit d'équipe et on laisse la parole aux employés.

 

     Pour conclure, nous pouvons utiliser la citation d'un philosophe chinois prénommé Confucius : "Tous les hommes pensent que le bonheur est au sommet de la montagne alors qu'il est dans l'art de la gravir". Cette idée que nous propose cet homme pourrait s'adapter parfaitement dans le contexte du travail. Il faut aider les employés à s'épanouir dans leur travail, dans les différentes tâches quotidiennes qu'ils peuvent effectuer. Pas seulement dans la satisfaction personnelle ou collective du résultat final. C'est pourquoi, nous pouvons réfléchir à la façon dont on va pouvoir convaincre les chefs d'entreprises de croire en ses méthodes et par conséquent d'investir dans ce domaine. Comme on a pu le constater cela va augmenter la productivité et la rentabilité de l'entreprise. Cependant, ne rien faire provoque l'absentéisme et la dépression chez certaines personnes. Il nous reste à trouver d'autres arguments convaincants, pour persuader les patrons d'améliorer les conditions de travail de leurs salariés. De plus, nous savons que l'agroalimentaire est le secteur qui s'est le plus développé dans la qualité de vie au travail. Ce secteur pourrait devenir l'exemple à suivre.


Sources des images : 

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=233913.html

http://www.metiseurope.eu/le-bonheur-au-travail-vu-par-les-dessinateurs-de-presse_fr_70_art_29830.html

http://oservice.fr/les-managers-doivent-etre-des-leviers-du-bonheur-au-travail/

https://fr.pinterest.com/pin/15762667424326715/

http://www.talents-carriere.fr/bonheur-au-travail-5-statistiques/

 

Lien vers l'extrait filmique : 

https://www.youtube.com/watch?v=Jg9ZHOrgw8c